Friday, August 9, 2013

SHANGHAI COMMUNITY

Une synagogue sur la route de l'opium
par Mylène Sebbah
La petite communauté juive de Shanghai a laissé son empreinte sur la ville dont la grande Synagogue, Ohel Rachel fut construite au début des années vingt alors que la communauté, à son apogée, était riche et prospère.

Les Juifs Baghdadi de Shanghai n'ont probablement jamais dépassé les huit cents à neuf cents âmes, un chiffre peu en rapport avec les bâtiments et institutions religieuses qui témoignent de leur présence dans cette ville portuaire de Chine.
 
La première synagogue connue, Beth El, fut construite en 1887; lui a succédé en 1921 la synagogue Ohel Rachel.
 

Située sur Seymour Road, (aujourd'hui Shaanxi Road), l'édifice a été conçu dans le plus pur style néo-grec de l'architecte londonien Bevis Marks.
 
L'intérieur, somptueux, était prévu pour contenir sept cents personnes ; l'arche, flanquée de piliers en marbre poli, pouvait contenir trente rouleaux de Torah.
 
Le bâtiment comprenait également un mikvé et les locaux de l'école juive de Shanghai.

C'est le 23 Janvier 1921 que le site a été inauguré et a pris le nom d'Ohel Rachel en hommage à Lady Rachel Sassoon, la défunte épouse de Sir Jacob Sassoon Elias – un riche philanthrope juif) .
 
En même temps que sa nouvelle synagogue, la communauté fêtait l'arrivée d'un nouveau chef spirituel, le rabbin W. Hirsch dont le long voyage l'avait fait passer par Hong Kong et Singapour où il avait fait forte impression.
 

"Je tiens à féliciter la communauté juive de Shanghai qui a su s'attacher un homme aussi intelligent que le rabbin Hirsch, a écrit un membre de la communauté de Singapour dans les colonnes d'un journal local.
 
Il a prononcé chez nous un discours extrêmement intéressant sur le sionisme et son travail portera probablement ses fruits dans un proche avenir". En fait, le rabbin Hirsch n'a pas fait long feu dans la métropole commerciale de la Chine orientale.
 

Rebuté par le style de vie opulent des Juifs de Shanghai, il disparut quelques années après.
Shanghai était alors le refuge des grandes dynasties commerciales de l'époque, dont la plus connue et la plus cossue était la famille de David Sassoon.
 
Bien que l'empire créé par David Sassoon et ses huit fils produise et vende toutes sortes de produits par le biais de la route commerciale triangulaire qui comprenait l'Inde, la Chine et l'Angleterre, l'opium était leur pilier, et en 1871, ils dominaient le commerce mondial de la drogue.
 
C'est peut-être cela qui finit par ébranler le rabbin Hirsch.

Des légendes relatent que certaines des dix tribus perdues émigrèrent vers la Chine mais les seules preuves physiques retrouvées d'une présence juive en Chine, remontent au huitième siècle.
 
À Shanghai proprement dit, les Juifs ne commencèrent à arriver qu'à la fin de 19ème siècle, probablement d'Irak, de Perse ou d'Asie centrale échappant aux persécutions religieuses en terre musulmane, d'où leur nom, Baghdadi.
 

Ceux qui avaient l'âme marchande, étaient attirés par le parti qu'ils pouvaient tirer des concessions commerciales acquises par les Britanniques après la Guerre de l'Opium de 1839 à 1842.
 
Dans les années 1920, Shanghai devint un refuge pour les Juifs ashkénazes fuyant la Révolution russe.
 
Ils sont suivis de près, à partir des années 1930, par une troisième vague d'immigrants juifs du Troisième Reich.
 
Les Japonais qui, à l'époque contrôlaient Shanghai, n'exigent pas de visa d'entrée dans la ville qui se gonfle de réfugiés jusqu'à atteindre le nombre d'environ 25.000 en 1943.
 

Ils sont internés dans un ghetto dans des conditions épouvantables mais les Japonais ne les livrent pas aux Allemands.
En 2002, la synagogue Ohel Rachel, tombée en désuétude, est placée sur la liste des monuments en péril par un Fonds international, le bâtiment est restauré.
 
Aujourd'hui, il abrite la Commission éducative de Shanghai et redevient
plusieurs fois par an, pour les grandes solennités, un lieu de culte juif. 

 

 

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